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La démarche permaculturelle






I - Définition de David Holmgren :
(co-fondateur de la démarche permaculturelle)

" La permaculture est un système de conception basé sur une éthique et des principes qu'on peut utiliser pour concevoir, mettre en place, gérer et améliorer toutes sortes d'initiatives individuelles, familiales, et collectives en vue d'un avenir durable."

Approfondir sa vision sur son site internet traduit en français.
avec notamment son livret de 16 pages en
téléchargement gratuit



II - Définition et explications données sur l'écolieu Au Petit Colibri :
 

1 - Notre point de vue sur la permaculture 

(en téléchargement libre pour impression/diffusion tel quel)

2 - Autres réflexions

En résumé : La permaculture est un outil de réflexion et de conception visant à créer des environnements humains durables au sein de l'écosystème naturel sur lequel elle s'appuie.

C'est dans ce cadre que l'on est amené à faire des choix techniques pour lequel le permaculteur va puiser dans le pot commun de l'humanité. L'éthique et les principes de conception permaculturels sont la permaculture, les techniques ne sont pas la permaculture (c'est hélas une confusion très courante qui est en train d'occulter tout l'intérêt et la valeur d'une démarche permaculturelle...).

Autrement dit :
C'est un outil d'aménagement de site ou d'organisations humaines qui permet de faire le liens entre différents éléments d'un système que l'on veut créer ou améliorer de façon à diminuer l'effort pour l'être humain, à améliorer l'utilisation de l'énergie sous toutes ses formes (les déchets doivent devenir des ressources), à travailler en coopération avec la nature et non contre elle, à prendre modèle sur elle (épuration par les plantes par exemple), ... On met l'attention sur la durabilité d'un système, sa non dangerosité pour nous et les générations futures mais aussi sur sa robustesse (résilience) face aux aléas de la vie (climat, maladies, ...). La permaculture, ou plutôt "la démarche permaculturelle", aide à concrétiser une démarche de développement durable qui s'intègre au fonctionnement de l'écosystème planétaire. Elle nous aide par un ensemble de principes et outils de conception qui rend chacun libre de faire des choix en fonction de son contexte et de ses capacités.

Le résultat d'une démarche permaculturelle sera "votre" résultat, ce ne sera pas la permaculture, qui, elle, reste simplement un ensemble de principes et outils de conception généraliste.

Permaculture, un concept global :
La Permaculture, créée par Bill Mollison et David Holmgren, est une méthode de planification écologique « relationnelle » destinée à concevoir des systèmes stables et autogérés (dans l'idéal bien sûr!). Elle peut servir à la conception d'un site, d'une ferme, d'un village, d'une école, ... ou d'une maison individuelle, d'un jardin, d'une association, ... L'accent est mis sur « les relations » entre les composantes de chaque « système » pour obtenir un ensemble harmonieux et productif. L'aspect productif peut concerner à la fois la nourriture, l'énergie, le temps, l'argent, les relations sociales, ... et au final le bien-être !
Elle peut servir à réfléchir à l'aspect global des choses comme à leurs particularités. Par exemple, en agriculture les animaux et les plantes peuvent être mis en relations « intelligentes » les uns par rapport aux autres de telle manière que la couverture de leurs besoins soit réalisée avec peu de dépenses et d'intervention de l'homme. C'est un "principe" clef en démarche permaculturelle mais remarquez qu'il ne vous dit pas "comment" le faire, ce choix vous revient. Vous pouvez alors vous appuyer sur les choix des autres permaculteurs mais attention, leurs choix sont propres à leur contexte, leurs choix ne représentent pas la permaculture, qui, elle, reste simplement un ensemble de principes et outils de conception généralistes comme nous l'avons déjà dit. Il convient d'être vigilant sur l'expérience des autres d''autant que mettre en oeuvre une démarche permaculturelle ne veut pas dire parvenir à un faire un bon système, et encore moins qu'il conviendra à votre cas. Attention donc à prendre du recul avec les "techniques plébiscitées" que l'on a hélas tendance à confondre avec la permaculture.
La permaculture véhicule, aussi et surtout, une éthique : prendre soin des hommes... prendre soin de la terre... partager équitablement... La permaculture est une somme de « bons sens » tirés aussi bien du fonctionnement des écosystèmes naturels que des leçons prises par les anciens et des approches "modernes". Elle entraîne nos esprits à l'observation, aux ré-ajustements, à la responsabilité dans le temps, pour soi et pour les autres et bien sûr à la coopération. Elle invite à cultiver en permanence son espace extérieur aussi bien qu'intérieur pour s'adapter au vivant sans cesse en évolution.

Essayons de résumer :
"La permaculture n'étant pas limitée à la conception de systèmes agricoles, et n'étant pas non plus dans ce domaine définit par un lot de techniques agricoles qui lui seraient propres, elle doit être comprise avant tout comme un mode de réflexion interrogeant la relation des êtres humains avec leur planète (et ses occupants) afin de trouver de façon concrète, jusque dans leurs pratiques quotidiennes, comment rendre cohérente leur vie sur terre au regard des enjeux globaux du milieu dans lequel ils vivent." Richard Wallner

3 - Complément par Richard
Il y a plusieurs approches de la permaculture, en particulier celles qui la définissent en y intégrant un ensemble de techniques ou pratiques agricoles. Celles-ci ne me conviennent pas personnellement, elles correspondent pour moi à une confusion trop éloignée de la démarche permaculturelle dont on perd du coup peu à peu la valeur et la fait rentrer dans des débats qui n'ont pas de sens à mes yeux, comme par exemple "la permaculture est-elle productive ?".

Pour moi la permaculture est une démarche, le résultat de cette démarche incombe seulement au permaculteur qui s'en est servi. C'est le système de la personne qui sera ou non productive. A-t-il fait de bons choix par rapport à son contexte ? La permaculture peut l'aiguiller grâce à ses principes de conception généraux mais en aucun elle ne choisit à sa place, ce serait d'ailleurs contradictoire, la permaculture ne serait plus une démarche créative proposant de s'adapter au contexte et serait limitée à un ensemble de techniques (validées par qui ?) plus ou moins adaptées au contexte de chacun, et tant pis pour ceux qui ne rentre pas dans le moule...

Je retiens ceci : La démarche de conception permaculturelle peut donner des résultats très différents car elle propose de s'adapter au contexte. Ce contexte est bien sûr défini par le lieu mais aussi par la personne. Ceci ressort clairement du livre de Sepp Holzer que mon association a édité. Son système basé sur des principes de conception permaculturels généralistes montre un résultat "taillé", "modelé point par point" pour son contexte. Reproduire ailleurs l'une ou l'autre des techniques qu'il a mise en oeuvre n'assure pas d'accomplir une démarche permaculturelle, on peut même aboutir à l'opposer ! Par exemple : créer un étang comme Sepp Holzer mais en détruisant initialement un marécage riche d'une grande biodiversité... La technique n'est pas la permaculture, tout comme l'application numérique d'une formule mathématique n'est pas les mathématiques, qui elles sont un ensemble de règles et de concepts.

La démarche permaculturelle est une démarche créative qui en ce sens n'a aucune limite technique, aucun carcan technique, autrement dit réduire la permaculture à quelques techniques plébiscitées (pour combien de temps avant d'être remplacées par les prochaines techniques plébiscitées ?) revient à créer un carcan autour de la permaculture et finalement à en perdre le sens et toute la potentialité extraordinaire

4 - Autres

      Techniques agricoles ?       

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Introduction : la culture sur butte n'est pas la permaculture

    La permaculture n'est pas la culture sur butte, ni aucune autre technique agricole, il y a beaucoup de confusion à ce sujet en France, c'est  :

    Un outil d'aménagement de site ou d'organisations humaines qui permet de faire le liens entre différents éléments d'un système que l'on veut créer ou améliorer de façon à diminuer l'effort pour l'être humain, à améliorer l'utilisation de l'énergie sous toutes ses formes (les déchets doivent devenir des ressources), à travailler en coopération avec la nature et non contre elle, à prendre modèle sur elle (épuration par les plantes par exemple), ... On met l'attention sur la durabilité d'un système, sa non dangerosité pour nous et les générations futures mais aussi sur sa robustesse (résilience) face aux aléas de la vie (climat, maladies, ...). La permaculture, ou plutôt "la démarche permaculturelle", aide à concrétiser une démarche de développement durable qui s'intègre au fonctionnement de l'écosystème planétaire. Elle nous aide par un ensemble de principes et outils de conception qui rend chacun libre de faire des choix en fonction de son contexte et de ses capacités.

   La réussite d'une démarche permaculturelle est directement liée à la créativité de chacun. C'est ainsi qu'aucune technique, que ce soit en agriculture ou pour la construction d'un habitat, la production énergétique, l'éducation des enfants, ... n'est propre à la permaculture. Certaines sont évidemment plus plébiscitées que d'autres mais le permaculteur a avant tout le pot commun de l'humanité à sa disposition, il n'y a pas de carcan permaculturel malgré ce que l'on peut lire ici et là.

    Au lieu de techniques, la permaculture c'est plutôt une collection de principes et outils de conception et de réflexion initiée par ses deux fondateurs, Bill Mollison et David Holmgren. Depuis d'autres personnes ont apporté leur contribution. Finalement la permaculture est le lieu libre de partage d'outils et de réflexions sans qu'aucun d'eux ne soient imposés à quiconque. C'est un mouvement de coopération d'une grande ouverture.

Son identité se trouve d'ailleurs davantage :
*1* Dans un postulat de départ plus que dans des principes :
- Tout est lié.

*2* Ainsi que dans un objectif commun :
- que chacun développe, là où il vit, là où il travaille, à la mesure de ses moyens, des solutions qui lui permettent de vivre sainement, ici et maintenant, pour nous tous et les générations futures. Cela n'implique par forcément de faire un potager chez soi, mais le choix de la provenance des légumes sera assurément réfléchi.

*3* Une même équation à résoudre :
- l'adéquation de l'être humain avec la totalité de  l'existence. D'où la recherche d'une réponse globale à toute situation locale, c'est à dire viable au regard de l'ensemble. La nature devient le modèle à comprendre et à suivre. Le monde humain est co-crée avec elle.

*4* Et une même éthique :
- Mettre du sens dans nos actions quotidiennes en faisant en sorte :
qu'elles prennent soin de la Terre;
qu'elles prennent soin des êtres humains;
qu'elles participent à une gestion équitable des richesses de base et des surplus;

LES CHAMPS D'ACTION sont nombreux :

On peut engager une démarche permaculturelle pour réaménager son lieu de vie, repenser sa façon de consommer, réorganiser la structure de son école, de son village, de son quartier, ... Beaucoup de projets sont possibles, sauf ceux contraires à l'éthique. Ainsi au lieu de l'actuel développement durable, nous trouverions peut-être plus de sens à nous engager dans un développement permaculturel.

En conclusion :
La culture sur butte peut très bien ne pas être adaptée à votre contexte, entreprendre une véritable démarche permaculturelle doit normalement vous permettre de vous en rendre compte et d'aboutir sur des choix techniques adaptés à vous et à votre contexte, que ce soit pour une construction de maison, un choix éducatif, l'aménagement d'un village, d'un potager, d'une ferme, ...


- La permaculture porterait mal son nom... :

Pour ma part, je ne vois pas la permaculture comme un système de "culture" mais comme une technique de conception, de sites agricoles ou non agricoles, et plus largement comme un ensemble de réflexions éthiques, globales et écologiques du monde. Elle est une démarche.

Les techniques agricoles dites "permaculturelles" sont pour moi des techniques du "pot commun de l'humanité"dont on reconnaît la cohérence et l'efficacité. Ce sont simplement les plus plébiscités dans le monde de la permaculture. Bien d'autres techniques sont possibles.

De ce fait "La culture sur butte" d'Emilia Hazelip ou "l'agriculture sans labour" du Japonais Fukuoka ou celle de Sepp Holzer ne sont pas "la permaculture". Elles sont simplement des outils possibles pour celui qui souhaite concevoir un système agricole permaculturel.


S'il s'agit de concevoir un site agricole alors le concepteur choisira ou développera des techniques agricoles qui lui conviennent. (Tout en développant ma propre méthode de culture, j'ai choisi comme base "l'agriculture naturelle" du Japonais Masanobu Fukuoka et la culture sur butte d'Emilia Hazelip.)

S'il s'agit de concevoir sa maison ou une école, ou une entreprise d'électricité,... on peut ne pas avoir envie d'y faire un jardin... Il n'y aura donc même pas de technique agricole dans ces conceptions permaculturelles...

- Le mot "permaculture", traduction française ? :
Il fut initialement la contraction entre "agriculture" et "permanent" car il s'agissait pour ses créateurs, Bill Molison et David Holmgren, de concevoir des sites agricoles. Puis au fil des années il est apparu comme un concept bien plus large. Il est aujourd'hui entendu comme la contraction de "culture" et "permanent" au sens de culturelle, culture de soi, de son environnement, éducation, ... et dans le sens de "culture d'une civilisation", durable... capable de se perpétuer...

En raison de la confusion avec l'image d'une technique agricole, je n'utilise plus en français le mot "permaculture" mais parle de "démarche permaculturelle" et "d'éthique permaculturelle".


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Présentation N°1

La conception permaculturelle : un concept global

Aujourd’hui surtout développé dans les pays anglo-saxons, ce concept est né dans les années 1970 en Australie. Depuis, le mouvement s’est consolidé avec des formations, des diplômes, des séminaires de réflexion au niveau mondial. La littérature est également aujourd’hui nombreuse, mais essentiellement en anglais. Ceci explique sans doute le faible développement de la conception permaculturelle en France. Il existe plusieurs associations en France.

Cette conception essaie d'organiser les rapports entre l'homme et son lieu de vie, sur les plans à la fois énergétique, écologique, ergonomique, social, productif et économique. Conduite par une éthique humaniste, elle cherche à intégrer de façon harmonieuse et durable l'activité humaine dans l'écosystème naturel.

Elle apporte essentiellement une réflexion et des outils de travail sous forme de principes de design (principe de conception). Elle permet d'aménager l'espace et notre mode de vie à partir des ressources disponibles (espace, eau, soleil, bois, végétation, savoir-faire, connaissance, inter-actions, ressources humaines, etc.). Elle peut alors servir à concevoir tout lieu ou organisation humaine : notre école, notre entreprise, notre ferme, notre potager, notre maison, notre village, notre quartier, notre région, ...

Concrétement : 

Par exemple, il s'agira de chercher à faire le moins possible d'apports extérieurs et dans le même temps de bien utiliser ce qui est créé sur le lieu. Pour cela étudier les interactions entre les animaux, les plantes, les hommes, la pluie, etc., peut permettre de créer des coopérations positives : l'un produit un déchet ( paille ) ou un effet ( vent, ombre ) profitable à un autre : le paillage pour retenir l'humidité des plantes et enrichir le sol, le vent pour produire de l'électricité, une plante offre de l'ombre à une autre, ... Ces synergies essaient de recueillir un maximum de fruits pour un minimum d'efforts !

Cette pratique, tout en s'inspirant du fonctionnement des écosystèmes naturels, combine des savoir-faire anciens et des approches "modernes", pour obtenir un système de vie écologique stable et autogéré, de fait économe, autonome, fertile et dynamique.

Pour commencer la conception d'une ferme ou d'un potager, il s'agira de bien observer le biotope déjà présente, la faune, la flore,... ainsi que de recueillir les besoins présents et à venir des humains qui y vivront ou en profiteront (consommateurs, touristes, animaux, ...). Puis vient l'agencement des zones de cultures/élevage et d'habitat/atelier en fonction des besoins, ressources et possibilités. De là, nous définissons les mécanismes naturels à créer ou comment devront être sollicités ou orientés ceux existants.

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Présentation N°2

La conception permaculturelle peut servir à la création et à l'organisation harmonieuse d'une maison, d'un quartier, d'un village, d'une ferme,... d'une association, d'une entreprise,... Elle peut intervenir partout où il y a relation, échange,... Elle s'occupe de relationnel.

L'agriculteur veut une ferme composée de poules pondeuses, d'arbres fruitiers, de légumes, ... Les habitants d'un village veulent une école, des arrêts de bus, des fermes, des rues avec des arbres, ... L'agriculteur et les villageois font partis eux-mêmes des éléments du système qu'ils créent.

Observant les besoins et les richesses de la poule, de l'arbre,... et de l'agriculteur, il vient par exemple que sans intervention de l'homme la poule complétera en partie ses besoins sous un arbre avec les fruits tombés, les insectes, les herbes et la fraîcheur de son ombre, l'arbre complétera les siens avec les crottes fertilisantes, les insectes mangés, les herbes envahissantes contrôlées, les fruits pourris débarrassés,... et l'homme a donc tout intérêt à les mettre ensemble pour rendre plus efficace sa prodcution d'oeufs et de fruits, tout en réduisant son travail. Tout ceci sans mettre quiconque en danger.

Une synergie naturelle peut exister entre la poule, l'arbre et l'agriculteur pour le bénéfice de chacun. Que se passe-t-il si l'agriculteur ajoute une haie ? Pourquoi faire puisqu'il n'en a pas besoin personnellement? Des oiseaux viendront nicher, mangeront aussi des insectes autour des arbres fruitiers. La haie ralentit les vents violents qui cassent les fruitiers et assèchent le sol. L'eau utile aux fruitiers s'infiltrera mieux dans le sol. Le verger se porte alors mieux. Par conséquent la poule et l'agriculteur aussi. Une nouvelle relation a été mise en place pour renforcer un élément en particulier et c'est l'ensemble du système tout entier qui en profite : c'est un autre bienfait de la synergie.

Mais peut-être que la haie peut servir à autre chose, puisqu'elle est là ? Il existe différente haie, autant choisir celle qui rendra le plus service : pour du bon bois de chauffage, pour les abeilles, ... les abeilles sont essentielles à mes fruitiers, elles visitent les fleurs, sans elles très peu de fruits naîtront : une nouvelle inter-relation.

La question de la disposition dans l'espace fait partie de chaque relation. Par exemple dans un verger chaque type d'arbre a une relation avec le soleil (le vent, l'eau, le soleil sont aussi des éléments du système !). Le pommier sera-t-il mieux devant ou derrière le cerisier ? "Le jardin-forêt" est une technique qui peut être intéressante dans une conception permaculturelle car c'est un système étagé productif de part l'organisation des plantes selon leur hauteur, leur besoin en eau, en fraîcheur, ... à l'imaged'une forêt.

A l'échelle de la ferme les différentes zones peuvent aussi être placées efficacement : c'est la technique de « zonage » de la conception permaculturelle.

Efficacité du système : d'une part la poule n'est pas la seule à sécuriser le fruitier et d'autre part la poule est bien utilisée en rendant multiples services, à la fois à l'agriculteur et à l'arbre. De même pour la haie. On voit aussi avec la haie qu'en choisissant bien l'élément apporté au système on peut augmenter sans effort le nombre d'effets positifs. L'agriculteur intervient alors de moins en moins par lui même, c'est la nature qui travaille de façon plus efficace et sécurisée qu'un système automatisé. Par ailleurs la relation dans l'espace est une composante essentielle de la vie terrestre... Le soleil fera souffrir le pommier alors que le cerisier en a besoin... La cueillette des oeufs se fait chaque jour, mettons le poulailler sur un trajet qui pourra servir à faire d'autres choses.

Mais au fond, la conception permaculturelle ne se définit pas sur des techniques en particuliers (agricoles ou non). Elle enseigne une attitude au tavers de son éthique permaculturelle :

La permaculture invite à la fois à découvrir que sa vie est liée à la destinée de la planète et à rechercher l'harmonie avec la nature. Cela pour apprendre à :
éthique 1 : prendre soin de la terre.

Elle nous invite à découvrir notre rapport à nous-mêmes et aux autres, pour savoir :
éthique 2 : prendre soin des êtres humains.

Elle nous demande de découvrir nos capacités de créativité, d'efficacité et de sobriété pour savoir :
éthique 3 : limiter notre consommation pour vivre tous ensemble loin de la misère et des guerres.

Elle nous fait réfléchir sur la façon de faire correspondre ressources disponibles et population, population et diversité des êtres-vivants pour parvenir à :
éthique 4 : limiter intelligemment notre population, sans faire appel à la guerre, aux famines ou à la misère.

Enfin elle nous fait découvrir comment fonctionnent les cycles de redistribution de la nature qui savent créer l'abondance des formes de vies et de richesses. C'est ce nouveau regard qui nous permet à notre tour de savoir :
éthique 5 : redistribuer nos surplus et créer une abondance saine que ce soit pour notre nourriture, l'enrichissement mutuel de nos connaissances ou encore une joie de vivre partagée.

Son but : créer des lieux de vie harmonieux où la vie puisse se perpétuer sainement, dans cette abondance créée par la multiplicité des relations d'échanges. La Vie est capable d'une grande abondance, l'homme peut y participer s'il veut bien prendre exemple sur la nature et faire sa part.

Dans le domaine de l'agriculture la conception permaculturelle ne s'occupe pas de satisfaire aux critères de l'une ou l'autre des techniques à la mode (conventionnelle, biologique, biodynamique, naturelle, semi-sauvage, ...) - pourquoi se priver des bienfaits de l'une en se fermant sur une autre ? - mais bien sûr tout produit chimique est exclu car il ne peut faire partie de l'équilibre des oiseaux, des verres de terre, des abeilles, des ruisseaux,... et, par conséquent, des êtres-humains.

La conception permaculturelle s'alimente de tout bienfait, de tout échec, qu'il soit d'un passé ancien ou de notre temps. Elle se cultive en permanence (perma – culture). Les techniques auxquelles elle fait appel ne peuvent la définir. Car comment définir une chose qui change sans cesse, quise cultive en permanence, en somme qui a sa propre liberté ?

Il semble que la conception permaculturelle soit avant tout le lieu commun d'aspirations à vivre un monde plus serein, prenant comme ressource la nature, comme qualité l'observation, comme force le relationnel, pour servir l'objectif d'une vie humaine qui se perpétue sans se détruire.

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Présentation N°3

QU’EST-CE QUE LA CONCEPTION PERMACULTURELLE ?

(présentation pour des novices en écologie)

Voici en 5 points une autre présentation de la conception permaculturelle :

1/ C’est une vision globale et écologique du monde dont l’objectif est « l’intégration de l’activité humaine de façon durable au sein de l’espace naturel qu’elle préserve ».

2/ C'est aussi une éthique : prendre soin de la terre, prendre soin des êtres-humains, partager/échanger/redistribuer, et chercher à limiter son impact.

3/ Elle invite à développer une qualité essentielle : l’observation avant l'action, avant d'agir !!!!.

4/ Elle se sert du « pot commun de l'humanité » : ressource de techniques et d'idées, d'inspirations et d’échanges, ... dans laquelle la conception permaculturelle recherche avant tout la coopération et la responsabilité, individuelle et collective, la prise en main intelligente et responsable de nos vies.

5/ Des techniques de conceptions (design) pour concevoir des lieux et des organisations humaines en recherchant l'harmonie.

Quelques explications sur ses 5 points :

1- La conception permaculturelle est avant tout une vision globale et écologique du monde qui inclut à la fois tous les domaines de notre vie et la planète entière. Tout est en interaction de près ou de loin.
Le but est « l’intégration de l’activité humaine de façon durable au sein de l’espace naturel qu’elle préserve ».

2- C’est aussi une démarche définie avec une éthique

3- C’est aussi une démarche qui développe une qualité essentielle : « l’observation »
Observer la situation, comprendre, apprendre avant d’agir ou chercher le bon moment pour agir ou encore prendre le temps de sentir une meilleure action, « l’action juste ». Parfois on constate après un temps d’observation qu’il n’y avait finalement pas besoin d’agir, çà n’est bien sûr pas toujours le cas.

4 – Elle se sert du « pot commun de l'humanité » : c’est là que l’on retrouve toutes les techniques que chacun développe et met au partage avec les autres. Les personnes sont elles-mêmes de leur vivant ressources pour d’autres !

Bill Mollison fondateur de la conception permaculturelle est souvent cité pour l’énorme travail qu’il a apporté ; et certaines de ses techniques sont fondamentales. Fukuoka fondateur de l’Agriculture Naturelle est aussi souvent cité car son agriculture est bien en phase avec la démarche permaculturelle. Mais chacun est libre de créer, d’innover son agriculture, sa technique de construction de maison, sa façon d’éduquer ses enfants, etc : la conception permaculturelle nous invite avant tout à la responsabilité individuelle, à l'ouverture d'esprit et à la créativité. Mais il s’agit tout autant d’avoir à l’esprit que nous faisons partie d’une communauté d’êtres humains « qu’on le veuille ou non » et même d’une communauté d’êtres au sens large (plantes, animaux, humains) au contact d'éléments essentiels pour leurs existances (rochers, eau, vent, soleil, air, ...). Il se pourrait que mieux découvrir et utiliser "la loi de la synergie" soit un facteur éveil important pour l'humanité, peut-être même crucial ?

5 – La conception permaculturelle est fondamentalement une science du « design » (de la conception). Qu’il s’agisse de concevoir une ferme, un jardin, sa maison ou de repenser un village, d’imaginer de nouvelles relations avec d’autres dans son entreprise, il s’agit chaque fois de concevoir, de choisir des solutions, de les poser sur un plan, comme un arbre ou une haie sur le plan d’un jardin, et de le faire en pensant à favoriser des relations bénéfiques entre chaque partie dans une vision globale écologique, économique, social, ...

Dans le pot commun on trouve des outils qui sont pour certains à la base de la conception permaculturelle de Bill Mollison, comme : 

  • la méthode du design systémique,
  • le zonage,
  • des repères clefs comme :
    • « chaque fonction doit être réalisée par au moins 3 façons ou éléments différents »
    • « chaque élément doit participer à plusieurs fonctions »

Le design est fondamentalement une démarche évolutive, on pourrait dire « réflective » : une fois les premières actions démarrées elles peuvent nous montrer des erreurs ou révéler des potentiels. Ainsi même nos objectifs peuvent évoluer dans le temps si bien que c’est avant tout la recherche d’harmonie qui nous guide et non pas l’idée de départ qui parfois même disparaît bien qu’elle ait été à l’initiative. Voilà pourquoi en conception permaculturelle une autre clef est « l’apprentissage en action ». Cela plutôt que d’apprendre uniquement avant l’action et de se figer sur cette action. De ce fait on reste vivant, notre projet est vivant, il n’est plus représenté par une ligne droite mais par une spirale montante dont chaque boucle revient un peu dans la précédente, phase réflective, avant de repartir vers l’avant avec une nouvelle recherche, de nouveaux objectifs, un design modifié.

Pour conclure :


La conception permaculturelle nous invite à la responsabilité individuelle tout en souhaitant offrir un lieu commun de méthodes et d’outils pour développer, concevoir des lieux et des relations en harmonie dans ce grand tout en inter-action permanente qui se vit sur notre planète.

Pour créer une ferme avec la conception permaculturelle retenait qu'il s'agit avant tout d'un état d'esprit et non de techniques, celles-ci sont au libre choix parmi le pot commun de l'humanité déjà existant ou à la libre créativité de chacun.

Dans ce pot commun on trouve une méthode de conception de projet, une technique de zonage, des règles simples et beaucoup d'exemples de fermes ou de situations de cultures données par Bill Mollison et bien d'autres personnes, mais aussi l'Agriculture Naturelle de Masanobu Fukuoka, la Culture en Synergie d’Emilia Hazelip, la culture du blé de Marc Bonfils, les cultures associées de Gertrud Franck, … l'agriculture biologique, biodynamique et sans oublier l'agriculture conventionnelle qui comporte, malgrè son lot d'horreurs chimiques, sa dépendance aux énergies fossiles, ..., des enseignements, des pratiques et des techniques qui peuvent être intéressantes. Tout cela sont autant de techniques différentes que l'on décidera d'utiliser ou non.


LIENS :

Steve Read qui a entrepris de créer une « Université Populaire de Permaculture » en France, propose un schéma :

http://www.permaculturefrance.com/principes.htm

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Permaculture et culture sur butte : différences ? Quelle rentabilité ?

Il existe des définitions de la permaculture beaucoup plus agricole que celle utilisée sur la ferme Au Petit Colibri.
On y trouve quelques fois la référence à la culture sur butte par exemple. A chacun sa permaculture :-).

Voici l'occasion pour Richard de préciser son approche personnelle de la permaculture :

    Pour moi la culture sur butte ou le jardin-forêt ne sont pas des techniques spécifiques de la permaculture : on peut faire de la permaculture sans ces techniques, et les utiliser ne nous assure pas de faire de la permaculture. Elles sont certes très plébiscitées en ce moment mais ne rentrent pas, pour moi, dans la permaculture qui n'est pas une technique agricole.

    Je vois la permaculture comme un outil de conception et de réflexion, utilisant des principes généraux pouvant s'appliquer à d'autres domaines que la conception d'une ferme (conception d'une école, d'un quartier, d'une fête, d'une maison, ...).
  
     Plus fondamentalement la permaculture a :

1- Un objectif : vivre sainement ici et pour les générations futures (autre façon de dire "développement durable" )
2- Une vision du monde : tout est en inter-relation de près ou de loin (le monde est une unité résultante de ces interactions)

    L'outil de conception est divisé en deux parties interdépendantes :

1- Un ensemble de principes de conception : ensemble de repères généraux rassemblés par les fondateurs dans le but de favoriser la création d'écosystèmes humains durables. D'autres principes continuent de voir le jour grâce à de nouvelles personnes.
2- L'éthique permaculturelle : 3 repères clefs pas encore "naturels" pour tous, mis en avant actuellement :
            - prendre soin de la Terre
            - prendre soin des êtres humains
            - partager équitablement

    La permaculture n'a donc pas pour moi de techniques propres en agriculture, ni dans les autres domaines (habitat, éducation, énergie, ...). Lorsque j'étudie les livres et vidéos de permaculteurs, je les vois comme les témoignages de leurs créativités et de leur choix techniques personnels dans ces différents domaines. Mais leurs choix ne définissent pas des pratiques spécifiques de la permaculture sauf en ce qui concerne le processus de conception de leur projet.

    Voici un parallèle avec les mathématiques pour essayer d'être plus clair : Les calculs faits avec les outils mathématiques ne définissent pas les mathématiques, ce ne sont que des applications. Les conceptions faites, par exemple une ferme, avec les outils de la permaculture ne définissent pas la permaculture, ce ne sont que des applications résultantes du processus de conception permaculturelle. C'est en utilisant les outils de conception pour une ferme que l'on est amené à choisir, ou non, la culture sur butte, le jardin-forêt, la construction en paille, l'électricité photovoltaïque, etc.

    Ainsi pour moi il n'existe pas de ferme cultivée en permaculture, puisqu'il n'y a pas de pratiques spécifiques agricoles, mais des fermes conçues en permaculture et cultivée selon telle ou telle technique agricole au libre choix du permaculteur. Pour ma part la ferme Au Petit Colibri est cultivée selon l'agriculture naturelle, dont je précise toujours le type, c'est à dire, "du Japonais Fukuoka, car il existe d'autres agricultures naturelles comme il existe d'autres cultures sur butte que celle d'Emilia Hazelip par exemple.

    Du coup cela aboutit sur une approche de la rentabilité d'une ferme en permaculture différente d'autres personnes puisqu'il ne s'agira pas de la "rentabilité offerte par la permaculture", qui n'est qu'un outil de conception, mais de la rentabilité de la "ferme permaculturelle de Mr X " qui a fait des choix différents de la "ferme permaculturelle de Mr Y ".

Par conséquent dans mon approche, dire qu'une ferme en permaculture est rentable ou non n'a pas de sens, car ce sont les choix personnels de Mr X et Y et les conduites de leurs choix, dans leurs contextes respectifs, qui vont définir la rentabilité de leurs modèles personnels. Il y a alors autant de modèles permaculturels agricoles que de fermiers, dont on doit évaluer de façon indépendante les rentabilités.

En guise de conclusion :
Les techniques agricoles ne sont pas la permaculture. Pour moi c'est la façon de les choisir et de les assembler qui est la permaculture.

Chaque ferme en permaculture définit à elle seule un modèle, chaque modèle est développé en fonction de repères de rentabilité différents car propre à chaque fermier, à son contexte, à ses choix, à ses capacités de les vivre au quotidien et, ne n'oublions pas, propre à ses besoins.

Donc pour moi, une ferme est rentable si elle a atteint ses objectifs personnels.

Ainsi je peux comparer les rentabilités des fermes, non en fonction de critères économiques mais en fonction du niveau atteint dans la rentabilité que s'est fixée chaque ferme :  Si Mr X n'a pas atteint ses objectifs de rentabilité, sa ferme n'est pas viable, ou viable à 79% par exemple. La ferme de Mr Y pourrait être viable à 100% même si Mr Y a besoin de gagner moins ou plus d'argent que Mr X pour atteindre son objectif de rentabilité.

Pour autant le modèle de ferme de Mr Y n'est peut-être pas viable pour Mr X. L'inverse est vrai aussi car, et c'est là l'un des apports de la vision globale de la permaculture, la viabilité n'est pas seulement vu sous l'angle économique, elle est vue aussi sous l'angle du bien être "personnel" de la personne et des générations futures, ce qui inclus tous les champs de notre vie.  La rentabilité sous l'angle uniquement économique ne peut être un objectif en soi unique, bien qu'il fasse partie des solutions permettant d'atteindre la "viabilité globale recherchée par la personne".

En terme de technique purement agricole, comme la technique de culture sur d'Emilia Hazelip, il me semble possible d'en étudier les quantités de légumes produites, les quantités d'intrants nécessaires, les besoins en main d'oeuvre, ... De la on peut calculer une rentabilité suivant des indicateurs d'efficacité technique, mais difficilement en suivant les indicateurs économiques puisque ce n'est pas la culture sur butte qui définit le prix de vente des légumes, les surfaces utilisées dans la ferme, le coût de la main d'oeuvre très différent d'une ferme à l'autre, la disponibilité ou non sur la ferme d'éléments nécessaires à la butte, ...

Richard Wallner


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COMMENT SAVOIR S'IL Y A CONCEPTION PERMACULTURELLE ? :

« Mais si chacun est libre comment faire pour savoir si on fait ou si une autre personne fait de la conception permaculturelle ?

Les repères de la définition ne sont-ils pas suffisants ? :

par exemple :

-1-  demandez-vous si la personne ou son action est en contradiction avec votre vision globale écologique du monde et avec l’objectif d’intégrer l’activité humaine de façon durable au sein d’un espace naturel qu’elle préserve ? Sachez aussi accepter qu’une personne puisse avoir une vision un peu différente de la votre…

-2-  continuons : respecte t-elle selon vous l'éthique permaculturelle ?

               prendre soin de la terre, etc.

-3-  y a t-il recherche dans l’observation c'est-à-dire par exemple faire attention à ce qui existe déjà avant de décider une action même si finalement on peut ne pas composer avec ?

-4-  la personne est-elle en compétition avec d’autres ?

-5-  la personne est-elle dans une démarche « réflective » ? Bien qu’elle puisse avoir raison d’affirmer ses choix et de ne pas vouloir en changer, tout simplement parce que c'est son expérience de vie et pas la nôtre, ou encore parce qu’ils sont justes (!) (et il sera souvent bien difficile d’en juger ! et de quel droit même le ferions-nous ?…), ..., sentez-vous un esprit fermé sur lui-même, refusant l’écoute de la différence, refusant de se remettre en question, s’enfermant dans ses erreurs, etc ?

Remarquer que le fait que cette personne n’ait pas de « design » sur papier à vous montrer ne veut pas dire qu’elle n’a pas en elle de façon consciente ou inconsciente une démarche structurée, même seulement intuitive.


Ainsi une ferme en agriculture biologique, même si elle pratique encore le labour, labour qui semble aujourd'hui possible et préférable d'arrêter dans bien des cas, peut très bien être dans une démarche permaculturelle, démarche qui la conduira peut-être à l'arrêt du labour ? 

A propos de "non labour" : il se peut qu'un jour on découvre que dans telle ou telle situation il faut nécessairement labourer une fois ou peut-être même une fois tous les 10 ans ? Alors continuons à avoir une vision globale, une ouverture d’esprit plutôt que de nous figer sur telle ou telle technique. Il semble par exemple qu’une tourbière doive être labourée au moins une fois avant d’y cultiver ? Cela dit  peut-être qu’une démarche plus juste serait de ne pas y cultiver pour un meilleur usage ?


ORGANISATION MONDIALE DE LA CONCEPTION PERMACULTURELLE :

Le mouvement permaculturelle s'est structuré au niveau mondial, sans que cela émerge sur un dogme permaculturelle figé. Essentiellement ce mouvement mondial est organisé par des citoyens et non « des élus » institutionnels. Bien sûr émergent des personnes référentes qui ont des compétences reconnues en conception permaculturelle mais l’échange entre tous est la base fondamentale. Les rencontres sont appelées « convergences ».

Il existe plusieurs diplômes de conception permaculturelle :

Le premier est le « cours de 72H » établi par le fondateur du mouvement, Bill Mollison.

Il en existe aussi pour ceux qui veulent être reconnus pour leurs capacités à concevoir des systèmes en permaculture, pour ceux qui veulent enseigner la conception permaculturelle, etc.

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Temoignage de la ferme Au Petit Colibri

L'ensemble de la ferme est mis en place au fur et à mesure selon un plan étudié dès le démarrage du projet. Il est amélioré en fonction des apprentissages et des nouveaux besoins. L'emplacement des différentes zones de la ferme a été choisit intelligemment pour essayer d'augmenter l'efficacité du travail, pour les situer correctement par rapport à leurs besoins naturels ou encore pour faire en sorte qu'une production puisse bénéficier à une autre.

Par exemple les zones sont organisées concentriquement autour des bâtiments ou encore les poules sont associées au verger, ... Pour les poules, elles servent d'insecticide naturel, de fertilisant et limitent la pousse des herbes. Le verger, lui, donne à manger des fruits tombés par terre, des insectes et de l'ombre. Une bonne mise en relation de deux productions qui soulage l'agriculteur et réduit les coûts dans un système agricole sans produits chimiques...

La ferme est vue comme un système évolutif. Par exemple toutes les zones ne sont pas encore productives comme le verger, les haies, ... tout juste plantés (les poules ne mangent pas encore leurs fruits tombés au sol !!). Par ailleurs certaines plantes deviennent vraiment intéressantes au bout d'une à deux années de re-semis dans la même terre car elles s'y adaptent. C'est aussi l'équilibre biologique et la fertilité du sol qui vont fortement augmenter les années à venir, en même temps qu'augmentera la production : fruitiers, miel, ... tout en stabilisant l'effort de l'agriculteur et le coût de production.

En effet c'est la totalité du système avec les différentes inter-relations entre ses composantes qui vont prendre place et donner leur pleine mesure par effet de synergie.

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Cultures en synergies naturelles semi-sauvages

Qu'est-ce que la culture en synergies naturelles semi-sauvage ?

... une technique cohérente pour une conception permaculturelle ?

Pas de labour :

Les terrains les moins compacts semblent mieux si prêter. Ce sont les racines des plantes et les organismes du sol qui aèrent la terre dans un sol qui devient naturellement bien drainant.

Pas d'engrais préparés (sauf exceptions : plantation d'arbre, réhabiliation d'un terrain) :

Ce sont les organismes du sol qui préparent eux-mêmes "l'engrais" par compostage en surface (des feuilles d'arbres, déchets de cultures, ...) et dans la terre (racines mortes non arrachées). De plus le non-labour permet de diminuer considérablement les  pertes de fertilisants du sol par les fortes pluies. Il est aussi une condition nécessaire pour ne pas détruire les organismes. 

Pas de traitement :

Avec les deux conditions précédentes il y a moins de déséquilibre, donc moins de ravageurs et maladies. Par ailleurs on ne leur permet pas de vivre seuls... ils sont en compagnies d'une multitude d'autres organismes, microbes, insectes, oiseaux, ... qui les mangent, "les régulent". De plus on ne leur permet pas de trouver un champ entier de leur plante favorite, on cultive "en mélangeant" les plantes. Et parfois même ce sont les plantes qui les font fuir (aromatiques, association carotte/poireau, ...). En somme on cultive la bio-diversité. Plus il y a de diversité de plantes, plus les organismes sont nombreux et forment une communauté complexe s'auto-régulant et s'adaptant au changement.

Pas d'herbicide :

Car toute plante est utile et tout produit chimique tue des organismes. Chaque plante abrite des organismes différents autour de ses racines et de ses feuilles. D'autre part elle utilise et apporte des éléments au sol différents d'une autre plante. Le sol est alors utilisé sans être appauvrit d'un élément en particulier et même peut-il s'enrichir de ce qui lui manque ! Pour autant on ne peut pas laisser à toute plante la place réservée à celle qu'on cultive ! Comment faire ? : remplacer par d'autres herbes, bénéfiques à nos cultures (trèfle blanc dans les céréales), couvrir le sol (paille, trèfle blanc, carton, ...), arracher ou faucher s'il y en a de trop et surtout avant qu'elles ne fassent des graines, ...

Au delà : une ferme-forêt (cinquième repère ajouté à l'agriculture de Masanobu Fukuoka)

Pour tous ces aspects précédents l'arbre est l'une des plantes majeures. Ainsi la totalité de l'organisation d'une ferme naturelle tend vers la réalisation d'un lieu de culture abrité, fertilisé et vitalisé en particulier par des arbres : en mettant en place des haies et des arbres fruitiers, suffisamment espacés, on s'approche alors d'une « forêt fruitière », productrice à différents étages, dans le sol, sur le sol, dans les airs : des carottes, des fraises, de la rhubarbe, des choux, du cassis, des noisettes, des pommes, des cerises, ...

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LA TECHNIQUE AGRICOLE SUR LA FERME "AU PETIT COLIBRI "

Au sein d'une conception permaculturelle de ma ferme, j'ai choisi  " l'Agriculure Naturelle du Japonais Fukuoka ".

Pour les légumes en particuliers, j'utilise la technique de "culture en synergie sur butte" qui a été développée par Emilia Hazelip et qui reprend les 4 principes de base de l'agriculture naturelle :
  • pas de labour
  • pas de fertilisants chimiques ou de compost préparé (sauf exception)
  • pas de traitements chimiques ou biologiques (sauf exception)
  • pas d'herbicide
         Synthèse de la technique agricole

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DEVELOPPER UNE " AGRICULTURE  ECOLOGIQUE "  (pas seulement biologique)

Grâce à la conception permaculturelle et à l'agriculure naturelle mais aussi grâce à la construction en botte de paille, et bien d'autres techniques, le projet Au Petit Colibri a pour but de "participer au développement d'une agriculture écologique" et non pas seulement biologique.

10 propositions pour développer l'agriculture écologique

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QUESTIONS - REPONSES

1 - Ce type d'agriculture est-il viable dès le début en tant qu'activité unique?

Cette agriculture "écologique" est encore au stade expérimentale. S'installer avec, c'est accepter de prendre des risques et de participer à son développement. Il n'y pas de références suffisantes pour le moment et les techniques agricoles doivent être améliorées. Ma ferme est "expérimentale". J'en présente la synthèse ici.

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2 - Est-ce possible de s'installer en faisant un emprunt et de ne pas crouler sous les dettes ensuite?

A vous de faire vos calculs :-). De mon point de vue c'est vraiment risqué dans l'état actuel, de part le manque de retour d'expériences et le manque de précision dans les descriptions des techniques agricoles évoquées ici et là, dans les livres, sur internet ou par les "on dit que". Avant d'être "secoué" par un drame... mon projet économique tenait compte de ces risques. Il s'inscrivait sur un projet développé sur plusieurs années, sur une diversification des cultures (toutes les cultures ne peuvent pas rater! et certains sont assez faciles comme les oeufs, les plantes aromatiques, certaines légumes, ...), et avec l'apport extérieur du salaire de ma compagne de l'époque. Je prévoyais et acceptais de rencontrer des aléas, typique d'un projet de recherche. Encore une fois, ma ferme est une ferme expérimentale.

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3 - L'utopie de la permaculture et sa viablité économique

Question : << j'ai un projet d'installation en maraîchage avec mon compagnon. J'ai commencé un stage dans une exploitation bio "conventionnelle" et la question de la possibilité d'une ferme en permaculture me tarabuste, en effet je suis entourée de personnes qui prétendent que c'est une utopie... >>

Réponse du 15 mai 2011 :
Je ne peux répondre à ton besoin de voir une ferme viable économiquement. Du fait du drame que j'ai vécu, je n'ai pas pu développer ma ferme et les résultats obtenus même s'ils sont porteurs de viabilité pour moi, ne permettent pas à eux seuls de te montrer cette viabilité. De plus suite à la victoire au tribunal il y a 1 mois (avril 2011) et vu la sécheresse de cette année et mon manque d'équipement pour y faire face, j'ai décidé de ne pas remettre en culture pour me concentrer sur des travaux, la recherche de financements, l'amélioration de mon habitat précaire et la poursuite des projets pédagogiques et conseils techniques via mon association. J'accompagne notamment la création d'une ferme en Dordogne. Donc ici le terrain est en friche et tu ne verras pas d'activité agricole du niveau économique que tu souhaites, bien que mon objectif soit le même que toi.

Je suppose que ceux qui te disent que la permaculture est une utopie n'ont pas approfondi la question, ni même essayé. Donc chemine à partir de toi. Toutefois sache que les réalisations agricoles en permaculture sont peu nombreuses et cherchent encore leur efficacité : les techniques  demandent à s'affiner pour faire face au niveau économique sans utiliser les béquilles actuelles : c'est tout un monde technique et humain à construire, ça ne se fait pas du jour au lendemain mais nous y sommes presque et l'expérience par exemple de Sepp Holzer en Autriche est inspirante. C'est pour cela que j'ai créé une ferme expérimentale et les résultats que j'expose sur mon site ne font que renforcer la viabilité de ce type de démarche.

Cependant ne fais pas d'amalgame : dire que la permaculture est viable économiquement n'a pas de sens : avoir un manuel de conduite  dans les mains ne te donne pas la capacité de conduire. De plus chaque permaculteur choisit ou développe les techniques qui lui conviennent. Ainsi la permaculture de l'un n'est pas la même que celle de l'autre. La question est : est-ce que ma propre démarche et mes choix permaculturels sont viables dans mon contexte personnel ? Pour y répondre il faut me semble t-il se former à différentes techniques, expérimenter, apprendre à observer, à se remettre en cause et faire des choix personnels. Il n'y a donc plus rien à démontrer à quiconque, simplement réussir son challenge personnel qui saura intégrer la démarche globale d'un avenir sain pour nous et les générations futures. Chacun doit trouver la solution qui lui convient. La permaculture ne dit pas ce qu'il faut faire, elle propose des points de repères que chacun peut prendre, faire évoluer ou remettre en cause. Ce n'est pas un nouveau dogme bon ou mauvais : c'est une réflexion avec des repères pratiques mis au partage et à la créativité collective.

Les techniques agricoles ne sont pas la permaculture. C'est la façon de les choisir et de les assembler qui est la permaculture.

Crée ton utopie, il n'y a que toi qui la rendra viable.

Bonne continuation,
Richard

>> Sur l'aspect économique, lire aussi dans cette page "Pemaculture et culture sur butte : différence ?"

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